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Expo Hommage à Jorge Amado

2 Mai 2012 , Rédigé par Passerelle Publié dans #Au fil des pages...

Cette année, l'écrivain brésilien Jorge Amado aurait fêté ses cent ans. Le Museu da Língua Portuguesa de São Paulo lui rend hommage, jusqu'au 22 juillet, à travers une belle exposition intitulée "Jorge Amado é universal".

 

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Malgré quelques incohérences et défauts de mise en scène (par exemple, un écran diffusant un film basé sur des documents d'archives au son plutôt mauvais à côté d'une installation ludique mais bruyante, ou une chronologie de la vie de l'écrivain serpentine, à en donner le tournis), ainsi qu'une approche somme toute bien superficielle, l'exposition a le mérite d'être pédagogique, grâce à un important matériel audiovisuel, et de synthétiser en quelques modules vite parcourus la vie et l'œuvre d'un grand écrivain viscéralement lié à la terre qui l'a vu naître et mourir :"a Bahia".


L'exposition est ainsi marquée au sceau des innombrables symboles de la région de Bahia, l'ancienne capitale du Brésil, terre d'histoire et de métissage : murs recouverts de "fitinhas de Nosso Senhor do Bonfim" (les petits rubans colorés que l'on noue au poignet en formulant un vœu, et que l'on porte jusqu'à ce qu'ils se défassent d'eux-mêmes, en exauçant normalement ce vœu) ;

 

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de bouteilles d'"azeite de dendê" (huile de palme traditionnelle de la région de Bahia, utilisée, entre autres, dans la confection de la moqueica de peixe, du bobó de camarão et des acarajés ) ;

 

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de grains de cacao, rappelant ainsi les origines de Jorge Amado, dont le père travaillait dans une fazenda de cacao et dont le premier roman publié avec grand succès fut justement Cacau1 (1933) ; de portraits, diplômes, prix, couvertures de journaux, photos, suspendus aux murs comme des ex-votos, pratique largement répandue à Bahia.

 

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Les différents modules retracent les aspects marquants de la vie de Jorge Amado : l'activité politique, la religion et le syncrétisme (très présents chez cet auteur fasciné par le candomblé ), la sensualité, la Bahia, l'écriture... le tout reconstruit à partir d'extraits de ses livres, d'illustrations de son fidèle “compadre” le peintre Carybé, de documents authentiques (dont un grand nombre appartenant à la Fundação Jorge Amado installée à Salvador), de citations et de témoignages de ses amis artistes, chanteurs, musiciens, de critiques littéraires, de professeurs universitaires, et de son entourage – en laissant une place importante à son épouse Zélia Gattai, elle aussi écrivaine de renom au Brésil.

 

Si l'on reste un peu sur sa faim à la sortie de l'exposition, c'est pour mieux replonger dans l'œuvre de ce grandissime auteur populaire, souvent critiqué, loué plus encore, chantre éternel d'une terre de mer et de son peuple auquel il aura dédié ses milliers de pages:


« Sei, de um saber sem dúvidas, que de tudo quanto escrevi, milhares de páginas, só perdurará aquilo onde existir um sopro de vida vivida, o hálito do povo da Bahia. Dele tirei os materiais (…) para ele criei e construi »2


« Je sais, d'un savoir sans doutes, que de tout ce que j'ai écrit, des milliers de pages, ne perdurera que ce qui contient un souffle de vie vécue, l'haleine du peuple de la Bahia. C'est de lui que j'ai tiré les matériaux (…) pour lui que j'ai créé et construit ».

 

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Exposition "Jorge Amado é universal"

Du 17 avril au 22 juillet 2012, de mardi à dimanche, de 10h à 18h

Museu da Língua Portuguesa - Praça da Luz, s/nº Centro - São Paulo - SP

Tarifs : R$ 6 normal / R$ 3 étudiant / gratuit le samedi

 





 

1En français, Cacao, trad. par Jean Orecchioni, Nagel, coll. « Les Grands romans étrangers », Paris, 1955, 126 p.

 

2“Conversando com Jorge Amado”, Entretien accordé à Alice Raillard, en 1992

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