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Villazón

5 Septembre 2011 , Rédigé par Passerelle Publié dans #Voyages - voyages

30 juin 2010

 

Passereau m’avait prévenue : "à ton entrée en Bolivie, tu es censée remplir un formulaire (la « tarjeta migratória ») que tu devras présenter à ta sortie ; si tu ne l’as pas, les policiers de l’autre poste frontière vont te demander de payer une taxe ; souvent, les policiers feignent de ne pas en avoir, tamponnent « S.T. » (« sin tarjeta », ie « sans carte ») sur ton passeport, et tu te retrouves à payer une amende à ta sortie du pays ; donc n’entre pas sans ce papier ; menace-les d’en appeler à ton consulat s’il le faut, avec les Français ça marche souvent ; ils peuvent aussi vouloir fouiller tes bagages ; surtout, surtout, ne les laisse pas mettre un seul doigt dans tes affaires : ils sont capables d’y fourrer ce qu’ils veulent et de t’accuser ensuite de transporter des biens illicites… Ensuite, tu verras : les bus roulent sans essieux, sur des routes de terre et de gravillon sans rambardes au-dessus de précipices, et les chauffeurs sont presque tout le temps bourrés."


Je m’étais donc préparée au pire : j’avais révisé mon vocabulaire pour pouvoir baragouiner en espagnol afin d’obtenir cette fameuse tarjeta, j’avais noté sur un petit papier et enregistré sur mon téléphone le numéro des différents consulats de France en Bolivie, j’avais étudié toutes les solutions/routes alternatives pour aller de Villazón à Tarija (découvrant au passage, à mon grand effroi, que c’était l’une des routes réputées les plus dangereuses du pays…) et je n’avais rien dormi de la nuit…


En réalité, le passage de la frontière s’avéra beaucoup plus simple et plus rapide que prévu ; et apparemment, les choses ont changé depuis l’époque où Passereau parcourait les routes de Bolivie : les postes frontières sont maintenant informatisés, et il n’y a plus de problèmes avec la tarjeta, qui est distribuée systématiquement ; les bus sont pour la plupart équipés d’essieux, et les chauffeurs de bus ont remplacé la « chicha » (un alcool fermenté de maïs) par la coca (dont ils machônnent les feuilles) ; le gouvernement Morales a lancé une grande action contre l’alcool au volant, limitant ainsi le nombre d’accidents de la route ; mais il n’y a toujours pas de rambardes séparant la route des précipices…


Dès le passage de la frontière, l’atmosphère est très différente : les « cholitas » (ainsi que l’on appelle communément les femmes boliviennes indigènes), vêtues de larges jupons, écharpes et chapeaux bariolés, transportant marchandises et enfants dans leurs châles savamment noués autour du cou, vendent artisanat, jus de fruits, fruits frais, soupes, dans la rue ou dans de petites échoppes.

 

Villazón 2

 

Villazón 5

 

 

Villazón 6

 

Villazón 4

 

Villazón 7

 


À 12h30, je monte dans le bus pour Tajira. Oubliés, le confort et la propreté des bus argentins : les sièges sont vieux, usés, déchirés par endroit, les vitres brisées laissent passer l’air et la poussière, et, le bus étant resté quelques heures au soleil, il y fait une chaleur à crever. Le véhicule balance, oscille sous le poids des passagers. Et en effet, la route de « ripio », en terre et gravillons, plonge directement sur des précipices vertigineux, sans un moindre garde-fou nous protégeant de la catastrophe ; il n’y a plus qu’à placer toute sa confiance dans l’habileté du chauffeur, et prier Dieu, la Vierge, Saint Christophe (patron des voyageurs), et la Pacha Mama tous ensemble…

 

Ruta Villazón-Tarija 2


En l’occurrence, le chauffeur, certainement rodé à ce trajet, manœuvre très prudemment ; la route, très étroite, serpente entre les virages en aiguille ; imaginez donc la situation lorsqu’un camion arrive en sens inverse du bus : c’est à l’un ou à l’autre, en fonction de la situation, de reculer jusqu’à un endroit où ils réussiront à se croiser sans danger ; et les passagers ont beau être habitués, ils retiennent tout de même leur souffle le temps de la manœuvre…


À part ce genre de contretemps, le voyage se poursuit tranquillement, ponctué d’arrêts dans des hameaux ou fermes isolés pour faire descendre ou monter des passagers. Les paysages frappent par leur immensité sauvage : précipices à perte de vue, montagnes majestueuses, grandes étendues de pampa…

 

Ruta Villazón-Tarija 3

 

Ruta Villazón-Tarija 4


La descente jusqu’à Tarija paraît interminable, tandis que le soleil se couche et que la nuit tombe peu à peu ; un contrôle policier nous vaut un arrêt d’une heure, et quand tous les passagers (moi comprise) commencent à perdre patience, le bus repart pour Tarija, où nous arrivons tous sains et saufs : Alléluia.

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