Torres del Paine – J3
Et puis, peu à peu, à l’aide d’un analgésique, la douleur a passé, et j’ai recommencé à marcher, assez pour aller jusqu’à la cabane du garde-forestier, qui a observé mon pied, constaté qu’il n’était pas très enflé et à peine bleu, et, avec calme et compétence, m’a rassurée et indiqué la marche à suivre (c’est le cas de le dire !) : après une torsion à la cheville, poser de la glace sur le pied ou le pied dans un baquet d’eau froide, passer une pommade calmante, serrer avec une bande élastique, et marcher doucement, en posant fermement la paume du pied par terre et pas seulement le talon.
Recommandation, donc, aux aventuriers maladroits comme moi : toujours avoir sur soi une mini-trousse à pharmacie avec le minimum nécessaire en cas de brûlure, coupure, courbature, maux de tête et d’estomac ; pour le reste, on serre les dents, et en avant !
Donc nous n’avons pas eu à opter pour le plan B, qui était de prendre le catamaran qui traverse le Lago Pehoé et récupérer à l’autre bout le bus de retour pour Puerto Natales ; nous avons tranquillement pris le sentier qui mène à l’administration du parc, autre point de départ du bus de retour : 17 km seulement, ça nous semblait bien peu après les distances des jours précédents !
Ce jour-là, les paysages furent moins bruts, plus plats, plus doux : de vastes prairies, avec des herbes hautes dansant au vent, rappelant les champs de blés dorés de nos campagnes françaises, et donnant des envies de galopades effrénées (nous avons d’ailleurs croisé quelques cavaliers sur ce sentier fréquenté par les amateurs d’équitation) :
c’est qu’avant la création du Parc National, en 1959, ce territoire était en fait une immense estancia spécialisée dans l’élevage de moutons ; et il en reste quelques traces, des barrières, des enclos par endroits, et puis l’impression que la civilisation est un jour passée par là.
Mais la présence humaine peut aussi avoir des conséquences plus néfastes sur la nature : en 2005, un randonneur a utilisé un réchaud par grand vent, et réduit ainsi en cendres 10% du parc ; aujourd’hui encore, on peut voir partout dans le parc des cadavres d’arbres calcinés jonchant le sol ou se dressant à demi rongés par le feu,
qui nous rappellent notre responsabilité et le rôle que nous avons à jouer : le Parque Nacional Torres del Paine fait depuis 1978 partie des réserves de la biosphère de l’Unesco, une raison de plus pour faire preuve du plus grand respect envers les règles minimales de préservation de ce magnifique environnement…