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Partie de campagne

3 Novembre 2008 , Rédigé par Passerelle Publié dans #Voyages - voyages

Saturée d’urbanité, entre grandes allées automobiles, immeubles d’affaires et centres commerciaux surpeuplés, je m’en vais prendre un bol d’air frais hors de Brasília, dans l’Etat voisin du Goiás, direction Pirénopolis, un petit bourg colonial entouré de réserves naturelles.




 

150 kilomètres de trajet, qui me permettent d’admirer les magnifiques paysages du « cerrado » : une sorte de « savane » qui s’étend sur plus de 1,5 millions de kilomètres et sur plusieurs Etats du Brésil (Distrito Federal, Goiás, Mato Grosso, Mato Grosso do Sul, Tocantins, et une partie de l’Ouest de Bahia), et qui est caractérisée par une terre très rouge, un climat très sec, de petites herbes, des arbres recourbés, et un écosystème parmi les plus riches de la planète.



 

De temps en temps, quelques usines, ou de grosses fermes industrielles, viennent rompre la solitude du paysage :



et me font penser aux « cattedrali nel deserto » (cathédrales dans le désert), ces industries créées dans le Sud de l’Italie dans les années 1950 afin de stimuler l’essor économique, et qui restent aujourd’hui isolées, quand elles n’ont pas été abandonnées, faute d’avoir été accompagnées des infrastructures adéquates.

 

Le bus s’arrête dans de petits bourgs où j’ai vraiment l’impression de toucher du doigt le cœur du Brésil profond : des paysans se déplaçant encore en charrettes, des habitats tout ce qu’il y a de plus modestes, des arrêts de bus de fortune… et, même à midi en plein soleil, sur un terrain de terre battue et avec des maillots improvisés… le « futebol » !



 

Il fait chaud et sec, une sorte de torpeur semble s’emparer des villages et de leurs habitants, certainement déjà reclus pour le déjeuner familial dominical, après lequel s’imposera une délicieuse sieste à l’ombre des arbres en fleurs ; seules les poules osent s’aventurer dans les rues : ce n’était pas encore leur tour de finir dans la cocotte, elles en profitent pour gambader librement !



 

A Pirénopolis par contre, c’est l’effervescence : beaucoup de gens viennent de Brasilia ou de Goiânia se rafraîchir le temps d’une escapade dans les cascades (« cachoeiras ») qui font la richesse de cette région, et le centre grouille de touristes à la journée, déjà équipés de leur maillot de bain.

 

Attablée face à l’église baroque de « Nossa Senhora do Rosário Matriz »,



je goûte sur le pouce à un « empadão » : une tourte farcie de poulet, fromage, pomme de terre, pain de mie, saucisse, olives et, en option, de « guariroba » (une variété de cœur de palmier un peu plus amère), le tout baigné d’une sauce au poulet : spécialité locale, goût du terroir garanti !



 

C’est délicieux mais ça pèse un peu sur l’estomac pour emprunter ensuite la piste qui monte jusqu’aux « Cachoeiras de Bonsucesso » : 5 kilomètres en plein soleil, à une heure de l’après-midi, j’aurais peut-être dû opter pour le moto-taxi… mais avec trois heures de bus dans les pattes, j’avais bien envie de me dégourdir les jambes ! J’en profite pour tirer quelques photos, admirer la carrière au loin, dont la chair blanche éventrée offre un splendide contraste avec la végétation environnante :



et les vaches tout près, qui regardent passer, non pas les trains, mais les pick-ups des Brasiliens et des Goiâniens en vacances…



 

Il faut les voir, les apprentis-randonneurs, monter jusqu’au cascades en tongs (mouillées de surcroît, ça glisse !) ; à croire qu’ils naissent avec des Havaianas au pied… L’entrée du site des « cachoeiras » est payant (10 reais), il faut ensuite emprunter un sentier qui fait passer par cinq cascades avant d’arriver à la dernière : la plus appréciée, car ensoleillée, mais donc la plus peuplée, et je choisi de m’arrêter à l’avant-dernière pour prendre un petit bain dans l’intimité…



 

Délice de fraîcheur et de quiétude, l’eau coule avec un doux murmure, la lumière transperce les arbres et vient se poser avec douceur sur les rochers… Tiens, une libellule !




Cet instant bucolique me remplit de sérénité, et c’est apaisée que je reprends le chemin de la descente pour retrouver le petit bourg de Pirénopolis dans la lumière de la fin de l’après-midi.



 

Pirénopolis : antique cité coloniale fondée par des « bandeirantes » lors de la ruée vers les richesses minières, inscrite au Patrimonio Nacional en 1989, dont les rues pavées sont bordées de petites maisons colorées,



que j’arpente en attendant le dernier bus qui me ramènera, épuisée mais rassasiée de nature pure, à Brasília.

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