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Histoire du Brésil-Chap.3 : L'Esclavagisme

20 Novembre 2008 , Rédigé par Passerelle Publié dans #Il était une fois...

Les Indios ne furent pas les seuls à souffrir des persécutions des colons. Autre « minorité », les Noirs ne jouissent que depuis peu (à peine plus d’un siècle) d’une entière liberté, et ils peinent encore à effacer les marques d’un passé douloureux. Aujourd’hui, 20 novembre, le « Dia da Consciência Negra », jour férié au Brésil, leur rend hommage. Occasion de revenir sur une page sombre de l’histoire brésilienne.

 

Mis à contribution par les colons portugais dès l’arrivée de ces derniers sur le territoire américain, pour exploiter la canne à sucre ou le bois précieux, les amérindiens, quand ils ne n’étaient pas décimés par les virus européens, fuyaient vers l’intérieur des terres ou préféraient se suicider plutôt que d’être privés de leur liberté.

 

Face à la pénurie croissante de main-d’œuvre, les Portugais commencèrent à se procurer des esclaves en Afrique, et ce, dès 1532. Les négriers écument Bénin, Nigéria, Cameroun, Gabon, Ghana, Congo, Mozambique, Tanzanie, Kenya, Zimbabwe, et surtout Angola (qui devint à son tour une colonie brésilienne dirigée à Luanda par un grand propriétaire brésilien), où ils échangeaient de vulgaires fanfreluches et verroteries contre rien moins que des êtres humains.

 

 

 

Voyages interminables dans les cales insalubres des bateaux négriers, où bon nombre de ces futurs ouvriers à bon marché étaient emportés par le scorbut, la faim, le manque d’hygiène et d’entretien. A l’arrivée au Brésil, les familles et compatriotes étaient séparés afin d’éviter toute solidarité, et vendus sur le marché où venaient se fournir les grands propriétaires des « fazendas ».

 

Là, ils travaillaient sans interruption du lever au coucher du soleil[1], avec un seul repas par jour : fatigue, malnutrition, maladie réduisit leur espérance de vie à cinq ans à partir de leur entrée dans la « fazenda », ce qui poussait les Portugais à importer sans cesse de nouveaux esclaves. En 1600, le Brésil était devenu le premier producteur et exportateur mondial de sucre, mais aussi l’un des leaders du commerce triangulaire, aux mains de grands propriétaires brésiliens mais aussi de commerçants étrangers (non-portugais) qui profitaient de cette activité fort lucrative.

 

Les esclaves vivaient dans la « senzala », l’habitat qui leur était dévolu autour de la villa de leur maître[2]. Ils étaient rebaptisés d’un nouveau nom portugais, et interdits de parler leur langue. Soumis à l’autorité de petits sous-chefs, ils étaient constamment surveillés, fouettés par les contre-maîtres, marqués au fer si on les rattrapait d’une tentative de fuite.

 

 

 

 

 

 

 

Violences sur les hommes, violences sur les femmes aussi : comme rares étaient les femmes blanches dans les colonies, les maîtres s’autorisaient sur les femmes noires et indiennes un droit de cuissage délibéré, qui allait donner naissance à des générations entières de métis, que les Portugais différenciaient en trois types principaux :

-          le « caboclo » : métis de blanc et d’indien

-          le « cafuso » : métis d’indien et de noir

-          le « mulato » : métis d’indien et de noir

et qui allaient elles-mêmes se mélanger ensuite, donnant à la population Brésilienne un riche éventail de couleurs de peaux, en particulier dans le Nordeste et les Etats du Pernambouc et de Bahia, où domine une forte population d’origine noire.

 

 

Faces à ces conditions de vies inhumaines, nombreuses furent les révoltes d’esclaves (presque une par an), qui parfois donnèrent naissance à des territoires isolés, indépendants, où les esclaves vivaient en communauté (les « quilombos ») La plus importante, au XVIIIème siècle, eut lieu à Palmares dans le Pernambouc: une rébellion qui dura près d’un siècle, et le plus long soulèvement d’esclaves de l’histoire.

 

 

 

 

 

Si en 1871, enfin, un premier pas, timide, fut fait en faveur des esclaves, avec la loi Rio Branco du 28 septembre 1871, qui déclarait que tous les enfants qui naîtraient après cette date seraient libre, suivie en 1885 d’une autre loi qui libéra les sexagénaires, il fallut attendre le 8 mai 1888 pour que soit prononcée haut et fort l’abolition totale de l’esclavage, après une lutte acharnée dans les milieux politiques et intellectuels.

A partir de ce moment-là, une nouvelle main-d’œuvre venue d’Europe vint remplacer les bras manquants… et je vous renvoie aux articles sur l’histoire de l’immigration au Brésil.

 

 

L’esclavage a beaucoup pesé sur l’histoire du Brésil, et y a laissé des traces qui peinent encore à s’effacer : ségrégation, exploitation, domination sont encore parfois présentes dans les mentalités, même si en bien moindre mesure qu’aux Etats-Unis, du fait de l’incessant métissage des populations. Mais la question raciale resurgit parfois : il est rare par exemple de voir des Noirs dans une université renommée, ou à des emplois à hautes responsabilités… Et Si le Brésil a vu l’élection de Lula, le Barack Obama brésilien n’est pas encore arrivé !

 



[1] Sauf le dimanche, seul jour de repos, pendant lequel les esclaves d’origine « kongo » (Angola et Congo) organisaient la « congada », une fête en l’honneur de leur monarque importée d’Afrique, et qui allait être à l’origine du Carnaval de Rio.

 

[2] D’où l’expression brésilienne « avoir un pied dans la senzala », qui signifie : « être descendant d’esclave »

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