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Santiago du Chili - suite

27 Mai 2010 , Rédigé par Passerelle Publié dans #Voyages - voyages

Le dimanche à Santiago, presque tous les musées sont gratuits ; j’avais donc réservé ma matinée pour m’en donner un aperçu, malheureusement les deux musées historiques (le Museo de Santiago, une belle demeure coloniale consacrée à l’histoire de la ville, et le Museo Histórico Nacional, dédié à l’histoire du Chili, étaient fermés ce jour-là ; je me suis donc rabattue sur les musées d’arts, qui se sont trouvés sur mon chemin disposés par ordre chronologique.

 

Je suis donc d’abord remontée à l’époque pré-hispanique au Museo Chileno de Arte Precolombino[1] : outre la collection permanente de poteries, statuettes, tissages et autres objets d’arts, il y avait ce jour-là une très intéressante exposition de dessins retraçant les scènes essentielles de la vie des communautés indigènes du Chili, réalisés à partir d’objets et de pièces de musées : l’imagination du dessinateur, basée sur une sérieuse documentation, a su donner vie aux objets, qui prennent ainsi tout leur sens. C’est ce qui manque souvent dans les musées d’antiquités, qui se limitent la plupart du temps à exposer des pièces de collection dans une vitrine avec une étiquette… Heureusement, la muséographie contemporaine a fait de sacrés progrès, et des collections entières se prêtent maintenant mieux à la compréhension des non-spécialistes. Mais il y a encore beaucoup à dépoussiérer… Des vocations parmi vous ?

 

Pour me rendre au Museo de Bellas Artes[2], au coeur du Parque Florestal, je traverse le centre historique de Santiago, avec ses ruelles pavées et ses maisons à colombages,

 

Santiago - Centro historico 2

 

et d'autres demeures anciennes, comme la Posada del Corregidor, bâtisse d’adobe blanche à la chaux datant du XVIIIè siècle, donnant sur une tranquille placette ornée d’une fontaine. 

 

Santiago - Centro historico, Posada del Corregidor

 

Peu de salles du Museo de Bellas Artes étaient ouvertes ce jour-là sous la grande marquise en verre ;

 

Santiago - Museo de Bellas Artes 2

 

en un coup d’oeil assez rapide, j’ai ainsi pu me faire une idée de l’art moderne chilien ; les collections étaient distribuées d’une manière dont j’ai un peu cherché la logique, finissant par  regrouper dans ma mémoire trois sections :

-         l’art dit “historique”, principalement des peintures de combats navals ;

-         l’art “religieux”, plus fastueux, plus fantastique, que l’art religieux, plus sobre, que l’on a l’habitude voir en Europe ; sans doute l’influence indigène, que l’on retrouve dans les couleurs vives, les costumes, l’expression des regards…

-        la “generación del Centenario”, soit la génération d’artistes-peintres des années 1910 se détachant de l’académisme et s’orientant vers davantage de libertés, dans la lignée des impressionnistes français et des expressionnistes allemands : des portraits, des nus, des scènes de la vie quotidienne et rurale, dont une “Maternidad” d’un artiste dont j’ai malheureusement oublié le nom, particulièrement saisissante.

 

À deux pas, dans le même édifice mais à une autre entrée, le Museo de Arte Contemporáneo[3] présentait une exposition sur Ximena Cristi, une artiste-peintre des années quarante, représentante de l’expressionnisme chilien : une rétrospective à travers soixante-dix ans de peinture, une oeuvre caractérisée par “un regard intimiste sur ce qui l’entoure, de grands traits, une effusion chromatique et une structure de composition soignée” (d’après le dépliant distribué à l’entrée) : en d'autres mots, de grandes toiles de couleurs vives, aux contours peu définis, des arbres, des intérieurs, des personnages un peu flous, et des perspectives à la Cézanne...

 

Après toutes ces abstractions, j’ai eu une soudaine et impérieuse envie d’aller voir du concret ; rien de tel pour cela que de plonger dans les entrailles d’un marché, où ça crie, ça braille, ça sent, ça brasse, ça s’entasse, bref, où la vie sort du cadre policé d’un tableau à l´huile pour vous emporter dans un tourbillon de couleurs, d’odeurs, de saveurs et de mots goûteux. Direction le Mercado Central, petite halle où les Santiagüeños se rendent pour acheter les poissons et fruits de mer fraîchement débarqués du Pacifique, tout près de la capitale ;

 

Santiago - Mercado Central 1

 

Santiago - Mercado Central 3

 

au centre trônent des restaurants un brin chics, dont les garçons sont en grand tablier noir, à l’affût du touriste, mais dont les tables sont désertées par les locaux ; je demande donc à un poissonnier où il irait manger, lui, et il me désigne sans hésiter un petit troquet sans prétention,

 

Santiago - Mercado Central, Marisqueria 1

 

une "marisquería" (restaurant de fruits de mer) où, pour quelques sous, aux milieu d'habitués des lieux, et aux petits soins d'un aimable serveur péruvien, je déguste une succulente “paila marina” (soupe de poissons et fruits de mer un peu piquante, parsemée de coriandre), l’une des spécialités chiliennes ;

 

Santiago - Mercado Central, Paila Marina

 

au Chili, comme dans d’autres pays d’Amérique Latine, les plats sont presque toujours accompagnés d’une coupelle de “salsa de ají” (dixit Passereau, qui en est friand), une sauce rouge très piquante à base d’ají, le piment sud-américain qui se décline en mille et une varietés…

 

Le restaurant sert aussi du mariscal (un plat de poisson froid), du congrio, des empanadas de mariscos… mais il me reste à peine assez de monnaie pour prendre le métro jusqu’à la gare routière, où je dois prendre le bus qui me ramène à Mendoza ; alors je note l’adresse, et je reviendrai, si Dios quiere, "si Dieu le veut", comme on dit ici, goûter à ces autres spécialités…

 

Une fois installée dans un mini-bus un peu branlant, je me plonge dans une demi-sieste digestive, le regard perdu dans les paysages andins, beaucoup plus verts de ce côté-ci, battu par les vents humides et les pluies venus du Pacifique, les étendues de vignobles (le Chili aussi produit de très bons vins et a surgi depuis quelques années sur la scène des grands producteurs-exportateurs), et les montagnes, toujours aussi impresionnantes.

 

Cordillera chilena 3

 

 

 Cordillera chilena 2

 

Cordillera 2

 

 

Je voyage en compagnie de Carlos, un pépé chilien coiffé d’un béret noir, petit bonhomme souriant et plein d’entrain, qui fait rire la compagnie et se charge de me prendre sous son aile, moi la petite Française, à qui il offre généreusement les sandwichs qu’il s’était préparés, et avec qui il fait la conversation, racontant sa vie et celle de son pays ; c’est un bon-vivant aimant manger, boire, cuisiner (il me décrit avec force détails comment il prépare sa recette de poulet, ses soupes de légumes et le secret qui leur donne un goût incomparable, l’asado du dimanche), jouer aux cartes et aux dés avec ses copains jusqu’à tard dans la nuit… mais attention : la politique est un sujet délicat, et les Chiliens se montrent discrets sur ce terrain-là. Pas étonnant, vu le noir passé dont il sortent à peine : la démocratie au Chili semble bien installée, mais encore fragile…

 

 

 


[1] Museo Chileno de Arte Precolombino, Bandera 361 (esq. Compañia), Santiago, Chile.  Horaires d’ouverture : du mardi au dimanche de 10h à 18h ; fermé le lundi ; Tel : (56) 2 352 7522 ; http://www.precolombino.cl/es/index.php

 

[2] Museo Nacional de Bellas Arte, Parque Forestal S/N. - Casilla 3209 Santiago, Chile ; Tel : (562) 499 16 00- Fax: (562) 639 32 97 ; http://www.dibam.cl/bellas_artes/pre_home.htm

 

[3] Museo de Arte Contemporáneo, Sede Parque Forestal s/n frente a calle Mosqueto ; horaires d’ouverture ; du mardi au samedi, de 11h à 19h ; le dimanche de 11h à 18h ; fermé le lundi ; Contact: mac@uchile.cl ; Tel: (56-2) 9771741, 9771746, 9771755 ; http://www.mac.uchile.cl/

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